Cet article a été écrit par Scott Shane en complément de son test sur l’entreprenariat. Monsieur Shane est professeur d‘études entreprenariales à l’université Case Western Reserve. Il est l’auteur de sept livres, le dernier de la série étant Les illusions de l’entreprenariat : Les idées reçues les plus tenaces que les entrepreneurs, les investisseurs et les responsables tiennent pour vraies. La plupart des entrepreneurs ont quantité d’idées reçues sur l’entreprenariat. Voici 10 des idées les plus répandues ainsi que la réalité effective leur correspondant :
- Financer un nouveau projet coûte très cher. Faux. Il ne faut que 25 000 $ (environ 16 000 €) pour lancer une start-up. Les entrepreneurs dont le projet est une réussite et qui ne croient pas en ce lieu commun conçoivent leur projet de façon à ce qu’il fonctionne avec peu de cash. Ils empruntent au lieu de payer. Ils louent au lieu d’acheter. Ils remplacent les coûts fixes par des coûts variables en ayant recours aux commissions plus qu’aux salaires fixes.
- Les capitaux-risqueurs sont un bon moyen de financement pour les start-ups. Pas à moins que vous créiez une entreprise d’informatique ou de biotechnologie. Le matériel informatique, les logiciels, les semis-conducteurs, la communication et la biotechnologie comptent pour 81% de l’ensemble des capitaux risque en dollars et 72% des entreprises qui possèdent des capitaux risques sur les 15 dernières années environ. Les investisseurs en capital-risque ne subventionnent que 3 000 entreprises par an et seulement un quart de ces entreprises sont au stade de projet ou de start-up. En fait, les chances qu’une start-up obtienne des capitaux risques sont d’environ un sur 4 000. La probabilité que vous mouriez en tombant dans votre douche est plus forte.
- La plupart des business angels sont riches. Si être riche signifie être un investisseur averti, une personne avec une valeur nette de plus d’un million de dollars ou un revenu annuel de 200 000$ pour un célibataire et de 300 000$ pour un couple marié, alors la réponse est non. Environ trois quarts des investisseurs qui apportent du capital pour fonder des start-ups à des personnes qui ne sont ni leurs amis, ni leurs voisins, ni leurs associés, ni leur famille ne remplissent pas les conditions nécessaires à l’obtention de l’accréditation de la commission des titres financiers et des bourses. En fait, 32% ont un revenu du ménage de moins de 40 000$ par an et 17% ont un revenu net négatif.
- Les start-up ne peuvent pas être financées par des dettes. En fait, la dette est plus répandue que le capital. Selon une étude sur les finances des petites entreprises de la Réserve fédérale, 53% du financement des entreprises âgées de moins de deux ans provient de la dette et seulement 47% provient du capital. Par conséquent, de nombreux entrepreneurs utilisent la dette plutôt que le capital pour fonder leur entreprise.
- Les Banques ne prêtent pas d’argent aux start-up. C’est un autre lieu commun. Encore une fois, les données de la Réserve fédérale montrent que les banques comptent pour 16% de l’ensemble des financements fournis aux entreprises de moins de 2 ans. Alors que ce chiffre peut paraître faible, c’est tout de même 3 % plus élevé que l’argent fourni par les créditeurs commerciaux, et toujours plus élevé qu’un tas d’autres sources que tout le monde connaît : les amis, la famille, les business angels, les capitaux risques, les investisseurs stratégiques, les agences du gouvernement.
- La plupart des entreprenurs créent des entreprises dans des industries qui les attirent. Malheureusement, c’est le contraire qui est vrai. La plupart des entrepreneurs se lancent directement dans les pires industries lorsqu’ils créent des start-ups. La corrélation entre le nombre d’entrepreneurs commençant une affaire dans une industrie et le nombre d’entreprises échouant dans cette industrie est 0,77. Cela signifie que la plupart des entrepreneurs choisissent des industries dans lesquelles la probabilité qu’ils échouent est plus importante.
- La croissance d’une start-up dépend plus du talent de l’entrepreneur que du projet qu’il a choisi. Désolé de dégonfler quelques égos ici, mais l’industrie que vous choisissez pour lancer votre entreprise a un énorme impact sur la probabilité qu’elle réussisse. Durant les 20 dernières années, environ 4,2 % des start-ups dans le secteur informatique et dans l’équipement de bureau ont fait partie de la liste des 500 croissances les plus rapides de toutes les entreprises privées américaines. 0,005% des start-up dans le secteur hôtelier et 0,007 % dans le secteur alimentaire ou des établissements de la boisson étaient présentes dans ce même classement. Cela signifie que la probabilité que vous apparaissiez dans ce classement est 840 fois plus importante si vous créez une entreprise dans le secteur informatique plutôt que si vous ouvrez un hôtel ou un restaurant. Il n’existe aucun autre critère ayant un effet de magnitude sur la croissance d’une entreprise aussi important.
- La plupart des entrepreneurs ont réussi financièrement. Désolé, ceci est une nouvelle idée reçue. L’entreprenariat crée beaucoup de richesse mais celle-ci est très inégalement distribuée. Le profit moyen d’un propriétaire-gestionnaire d’entreprise est de 39 000$ par an. Il n’y a que le top 10% des entrepreneurs qui gagnent plus d’argent que les employées.Et l’entrepreneur type gagne moins d’argent que s’il travaillait pour quelqu’un d’autre.
- De nombreuses start-ups parviennent à atteindre les prévisions de croissance des ventes attendues par les investisseurs. Pas du tout. Sur les 590 000 nouvelles entreprises comprenant au moins un employé créées aux Etats-unis chaque année, les données montrent que moins de 200 atteignent les100 millions de dollars de vente en 6 ans que les capitaux risqueurs aimeraient trouver. Environ 500 entreprises atteignent les 20 millions de dollars de vente dont les « sophisticated angels » , tel que celui de Tech Coast Angels et the Band of angels, parlent. En fait, seulement 9 500 entreprises atteignent 5 millions de dollars de vente sur cette période.
- Créer une entreprise est facile. En fait, ça ne l’est pas, et la plupart des gens qui entreprennent de créer une entreprise échouent lorsqu’il s’agit de la faire marcher. 7 ans après avoir commencer le processus de création, seulement un tiers des entrepreneurs présentent un flux de trésorerie positif supérieur à 3 mois de salaire et de dépenses du propriétaire.
L’article qui précède est la traduction de l’article " Top Ten Myths of Entrepreneurship" de Guy Kawasaki. La traduction et publication sont autorisées par l’auteur: retrouvez régulièrement sur notre blog les articles de Guy Kawasaki.
Guy Kawasaki est Directeur de Garage Technology Ventures, une société de capital-risque qui investit tôt dans les sociétés. Guy est également éditorialiste pour Entrepreneur Magazine. Auparavant, Guy avait le titre d’Apple Fellow chez Apple Computer, Inc. Guy est l’auteur de huit livres, incluant L’art de se Lancer, Rules for Revolutionaries, How to Drive Your Competition Crazy, Selling the Dream, and The Macintosh Way. Guy possède un BA de l’Université de Stanford et un MBA de l’UCLA, ainsi qu’un Doctorat honorifique du Babson College.